TOP

Eric Burdier

Axeleo

“Proptech : une filière boostée par la demande »

Eric Burdier, General Partner d’Axeleo Capital, a lancé en pleine première vague du Covid-19 un fonds dédié aux technologies immobilières (PropTech), Axeleo PropTech I, avec plusieurs entreprises du secteur (RTE, Allianz France, Vinci Energies, Banque des Territoires, le consortium « Construire au futur, habiter le futur » de la Région Île-de-France et le Groupe VYV). “Il s’agit d’un premier closing de 35 millions d’euros pour un objectif final de 50 millions d’euros avec un quart de deal flow en France.” Nous avons eu l’occasion d’échanger pour partager nos convictions sur ce secteur en pleine accélération (comme le souligne un récent article de TechCrunch), et auquel je crois beaucoup, qui représente aujourd’hui plus de 3.000 entreprises PropTech en Europe (comme le précise une étude de l’université d’Oxford qui s’appuie sur les données d’Unissu).

No alt text provided for this image

1. Innovation et technologie immobilière : quand la pression vient de la demande

Si la période Covid-19 accélère nos usages, et avec le marché de la technologie immobilière, il s’agit surtout d’une lame de fond propre à l’industrie. Les changements d’usages et de modèles viennent, en effet, de la demande et non plus de l’offre. Nos habitudes de vie et de travail ont changé, et cela déjà avant la crise sanitaire. C’est dès lors tout un ensemble de segments de populations qui est mal adressé. Alors que sa chaîne de financement s’est organisée, l’immobilier traditionnel a du mal à s’adapter aux nouvelles tendances de la société actuelles et aussi à la transformation de leurs actifs en matière de mixité des usages et des services, de mobilité, de la plate-formisation de l’économie, de la numérisation des mètres carrés ou encore de la réduction de la consommation d’énergie des bâtiments. Est-ce alors la faute d’un secteur rentable et résilient qui hésiterait à se challenger, à se défaire de ses us et coutumes ? Pas forcément, cette accusation serait simpliste, voire injuste. Car il faut aussi prendre en compte les cycles inhérents au secteur. La construction, la rénovation, la réversibilité d’un bâti, d’un quartier fonctionnent sur un temps long. Pour autant, c’est un peu comme les programmes de développement durable qui mettent plusieurs décennies (où l’absence d’effets immédiats des mesures pour le climat favorise une certaine inertie générale), la problématique d’accès au marché des nouvelles technologies immobilières est bien réelle.

Les lignes vont devoir bouger. Les usagers cherchent davantage de services, de solutions, d’idées pour faciliter leur quotidien, afin de mieux habiter la ville et pour la consommer utile. L’exemple de l’appel de Clément Alteresco, patron de Morning Coworking, sur le “ticket bureau” au même titre qu’un “ticket resto” est une idée nouvelle qui répond parfaitement au besoin d’une consommation du m2 qui se banaliserait. C’est en cela que la PropTech est un secteur tournée vers l’avenir.

 

2. L’IT, l’univers des logiciels : une source d’inspiration pour accélérer le marché et améliorer la productivité

L’écosystème de la PropTech doit pouvoir aujourd’hui davantage s’inspirer des codes de l’industrie de l’IT/du logiciel pour mieux répondre aux défis de l’industrie immobilière. En effet, ce segment peut se découper en deux grandes catégories, d’un côté des “PropTech” qui vont apporter de l’innovation dans les métiers (comme des promoteurs 2.0, des constructeurs 2.0) et qui par le digital vont optimiser l’ensemble des coûts d’opération et amener des leviers de rentabilité, de l’autre des “PropTech” qui vont ajouter des briques de technologies. Or, la chaîne de valeur immobilière est déjà trop fragmentée. Pour une réelle valeur ajoutée la technologie doit se voir comme une suite de solutions pour la chaîne de valeur immobilière, un hub de services. Aujourd’hui, le secteur a en effet besoin d’adresser un bout de la chaîne de valeur beaucoup plus large. C’est le cas par exemple de la construction modulaire qui part du cabinet d’architecture jusqu’à l’assemblage sur site. Katerra est à cet égard l’entreprise américaine emblématique de cette ubérisation du bâtiment.

Un message aujourd’hui : les industriels doivent proposer des problématiques métiers plus larges aux entrepreneurs de la proptech pour qu’ils puissent regarder les usages dans leur globalité et penser leurs solutions comme des agrégateurs de technologies. Un immobilier OS !

Car s’il y a la notion de build-up, autrement dit de croissance par acquisitions permettant de couvrir plus largement les activités stratégiques de l’immobilier, il y a aussi une véritable réflexion aujourd’hui sur l’IT pour des services plus transversaux et qui correspondent davantage aux usages en attente. Ici une première solution pour accélérer la proptech serait d’intégrer les innovations PropTech dans 100% des appels d’offres en France et en Europe. A suivre !