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Faisons de cette présidentielle une opportunité de penser le logement à travers un nouveau contrat intergénérationnel

Selon l’INSEE, les 60 ans et plus représenteront plus d’un tiers de la population française d’ici 2030. De quoi interroger l’ensemble de la filière immobilière sur la conception des futurs logements de nos aînés, car si 85% d’entre eux disent vouloir vieillir chez eux (étude Ifop et Sociovision), l’offre actuelle ne répond pas à ces attentes. 

Mais alors, à quoi pourrait ressembler l’habitat idéal pour les seniors ? Toujours selon cette étude, trois critères se démarquent et constituent le logement idéalement adapté au vieillissement de la population. D’abord, c’est un lieu d’activité, dans lequel il est possible de lire, écouter de la musique, bricoler, jardiner et faire des aménagements. C’est ensuite, un cocon chaleureux pour l’ensemble de la famille. Enfin, le logement doit être un endroit sûr et protégé.

Véritable bombe à retardement, la question de l’adaptation du logement au vieillissement de la population est majeure. Il faut accélérer le rythme des travaux et les massifier, les industrialiser. 

Luc Broussy, président de France Silver Eco, a été missionné en fin d’année par le Gouvernement et a formulé 80 propositions pour adapter le logement et l’urbanisme au grand âge. L’une d’elle trouve, me semble t-il, un écho particulier : se calquer sur le succès de MaPrimeRénov’ en lançant MaPrimeAdapt’, un système universel, sous conditions de ressources, mais ouvert à tous, permettant l’adaptation de 100 à 150 000 logements chaque année. C’est par exemple : l’installation de douches à l’italienne à la place de baignoires, des WC surélevés, des revêtements de sol antidérapants, des poses de volets roulants automatisés ou encore des adaptations d’éclairages pour éviter les chutes. Ce dispositif, s’il a un coût – estimé à 500 millions d’euros, est absolument nécessaire. 

Cette aide pourrait s’accompagner d’une incitation à l’intervention d’ergothérapeutes afin de s’assurer que les travaux financés correspondent vraiment aux besoins des ménages concernés. 

Pourrait également être envisagé un élargissement du prêt avance rénovation (qui doit être proposé par les banques aux ménages de condition modeste à partir de janvier 2022, suite au rapport Sichel, avec le concours du fonds de garantie pour la rénovation énergétique). Il faudrait l’élargir en particulier aux ménages dont le bien immobilier, pleinement remboursé, a pris de la valeur et nécessite désormais d’être adapté aux nouveaux besoins de ses occupants âgés, mais dont les revenus ne leur permettent pas de financer directement ces travaux. 

Une autre piste serait de relancer le prêt viager hypothécaire pour financer ces travaux d’adaptation ou la rénovation énergétique par exemple.

Quid d’une solution intergénérationnelle pour le logement ? Allons au-delà de la loi Elan (qui permet aux seniors de proposer à la location une partie de leur logement à des jeunes de moins de 30 ans), en proposant plus largement des logements qui répondent aux besoins et aux attentes de nos seniors, en favorisant la mixité au sein des résidences et des quartiers. 

Certains développeurs immobiliers s’y mettent ! C’est le cas d’Altarea avec Cogedim Club qui propose à la location des appartements pour senior, le tout dans une résidence à l’esprit “maison de famille”.

Eiffage mise quant à lui sur l’habitat intergénérationnel à Bordeaux, avec le projet Cocoon’Ages, bâtiment au sein duquel les habitants d’un même quartier coexistent, avec une cuisine et des espaces de vie communs, ainsi qu’une personne sur place spécialement dédiée pour impulser des activités et les moments de partage entre les résidents.

Toute la question du logement liée au vieillissement de la population réside dans notre capacité à laisser le choix à de nombreux seniors de vieillir sereinement chez eux, dans un environnement qu’ils auront choisi et non subi.


Sources documentaires :