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Les logements sociaux sont-ils des « habitations à vie » ?

Voici un chiffre record : le nombre de ménages en attente d’un logement social a atteint 2,6 millions en 2023 (+7,5% en 1 an – source : Union sociale pour l’habitat)

Face à ce constat, le Ministre Guillaume Kasbarian a récemment proposé que les bailleurs sociaux examinent régulièrement la situation personnelle et financière de leurs locataires pour vérifier s’ils sont toujours éligibles (pour mettre fin à leur bail ou relever leurs loyers).

Mais voilà, depuis quelques jours, cette initiative semble faire polémique.

Est-ce si indignant ?

Pour bien comprendre, je vous propose une petit récap’ de l’histoire du logement social en France :

Il est apparu pendant la révolution industrielle : à cette époque la population urbaine augmente de 12 à 18 millions, et ce sont les ouvriers qui sont logés dans des conditions misérables. Deux lois ont permis successivement la construction de ces logements, grâce au soutien financier de l’Etat : la loi Siegfried de 1894, et la loi Loucheur de 1928.

La vocation première de ce type de logement est de fournir en priorité une habitation à ceux qui ne peuvent pas faire autrement, faute de moyens. Et il faut donc naturellement continuer à attribuer ces espaces à ceux qui en ont le plus besoin.

En revanche, le manque d’offre de logements dans les zones tendues, couplé à l’augmentation des taux d’intérêt pour l’accession à la propriété, font que les ménages de classe moyenne aux revenus médians n’arrivent plus à se loger correctement : ils ont « trop » de ressources pour un logement social, mais pas assez pour un logement privé classique.

Vous voyez où je veux en venir : nous devons absolument développer une alternative à ces deux modèles, en misant sur le logement intermédiaire.

Plusieurs avantages :

  • Des loyers plafonnés : limités à des montants environ 15 à 20% moins élevés que ceux du marché;
  • Une durée du bail généralement plus longue;
  • Un emplacement optimal : généralement situé dans des quartiers attractifs, dans les bassins d’emplois : ce qui permet de loger près de leur lieu de travail ceux qui sont employés en centre-ville (transports, commerces, personnels de santé etc…)

On entend beaucoup parler de « crise du logement » ces dernières années avec les besoins croissants générés par les familles monoparentales et la décohabitation.

Tout comme pour l’après révolution industrielle et l’après-guerre, l’État doit développer une politique ambitieuse qui concentre son effort sur une offre qui répond à cette demande très précise et aux besoins des classes moyennes !

Le Gouvernement a annoncé récemment prévoir 75.000 nouveaux logements intermédiaires d’ici 2026 (via le Pacte pour le logement intermédiaire) entre les ministres Christophe Bechu et Guillaume Kasbarian. C’est trop peu.

Les investisseurs institutionnels et les propriétaires privés ont cessé d’investir dans le logement et il faut les faire (re)venir sur cette classe d’actifs.

Encore faut il faciliter également leur construction :

  • Réduire la pression sur le coût du foncier;
  • Simplifier les permis de construire;
  • Alléger les normes,
  • et redonner aux Maires l’envie de relancer une offre de logements en fonction des problématiques propres à leurs territoires.