Tribune Collective
“La relance doit être paritaire » : l’appel à Macron de 120 responsables de réseaux féminins et entrepreneurs
Responsable de 19% des émissions de gaz à effet de serre (GES), le bâtiment est l’un des principaux leviers d’action de la loi énergie-climat sur la neutralité carbone de la France d’ici 2050. Cet objectif ambitieux ne sera pas atteint sans une coalition rassemblant les acteurs de l’innovation de la construction et de l’immobilier partageant les solutions technologiques permettant de lutter activement en faveur de la réduction des émissions.
La célèbre publication de Milton Friedman – « The Social Responsibility of Business Is to Increase Its Profits » dans le New York Times il y a cinquante ans – s’opposait à la doctrine de la « responsabilité sociale » de l’entreprise et de son dirigeant. Les analystes et les investisseurs, prennent aujourd’hui la position inverse et, les conseils d’administration des entreprises intègrent les normes environnementales, sociales et de gouvernance (ESG). Et pour cause, car l’entreprise de demain sera celle qui aura su planifier des scénarios de résilience face aux perturbations climatiques.
Rassemblées dans des indices tels que le Dow Jones Sustainability World Index, les sociétés les plus performantes en matière environnementales, sociales et économiques montrent qu’un activisme de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) attire les investisseurs de long terme et permet le changement d’échelle, comme l’atteste une récente publication dans Strategic Management Journal.
Il est cependant encore trop rare que les investisseurs soumettent la totalité de leurs portefeuilles d’activités à cet exercice d’introspection. En Europe, ce sont encore les stratégies d’exclusion (examen de la compatibilité des potentiels investissements avec les normes mondiales sectorielles ou normatives ) qui ont tendance à dominer. La science tempête pourtant haut et fort que nous devons réussir à stabiliser la crise climatique dans 35 ans au plus tard. En France, la feuille de route contre le changement climatique (la Stratégie Nationale Bas-Carbone – SNBC) fixe un objectif de réduction de 75% des émissions GES à l’horizon 2050 par rapport à 1990.
Dans des secteurs – comme celui du bâtiment – qui ont une empreinte carbone parmi les plus élevées, l’impact potentiel peut être énorme. Poussée à la fois via la Commission Européenne (taxonomie, règlement « disclosure« , Pacte Vert) et la loi Pacte en France, la responsabilité sociale des entreprises (RSE) est à l’ordre du jour. En première ligne des objectifs de neutralité carbone de la France, l’immobilier joue un rôle central dans la mise en œuvre des démarches climat , à la fois à l’échelle locale et globale. Et de premiers acteurs financiers s’engagent déjà pour faire la différence. C’est le cas, par exemple, du fonds d’investissement Proptech américain Fifth Wall Ventures qui est devenu cet été une société B Corp. Il devient ainsi l’une des plus grandes sociétés de capital-risque à obtenir la certification prestigieuse.
De nombreuses entreprises innovantes du secteur de l’immobilier et de la construction participent d’ores et déjà à la lutte contre le réchauffement climatique. Parce que les capitaux et la réglementation ne feront pas tout, il est indispensable de les mobiliser aux côtés des acteurs financiers, en faveur des solutions technologiques à impact positif carbone. La loi énergie-climat de 2019 enfonçait déjà le clou sur la rénovation du bâti. Pour autant, nous mesurons aussi son coût et la complexité d’un secteur aux contraintes et réglementations multiples.
Les actions menées sur les investissements dans le cadre du label ISR immobilier France et avec l’appui des politiques de notation des fonds d’investissements vont dans le sens de ces nouveaux enjeux.
Dans le monde entier les startups s’attaquent aux problèmes du climat. Il s’agit donc de faire connaître les meilleures technologies disponibles, mais aussi de favoriser, par exemple, la création d’entreprises immobilier/construction « CO2 neutral by design » en fléchant les investissements, la création d’une plateforme européenne de data ESG ou encore la promotion des appels d’offres de marchés publics à impact carbone de grande taille pour bénéficier des effets d’échelle.
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Bernard Michel, Président de Viparis et de la PropTech Real Estech Europe
Bertrand Badré, ancien Directeur Général de la Banque Mondiale et CEO et fondateur de Blue like an Orange Sustainable Capital
Olivier Wigniolle, Directeur Général d’Icade
Thierry-Laroue Pont, Président – Directeur général de BNP Paribas Real Estate
Eric Burdier, General Partner d’Axeleo Capital
Matthias Navarro, Co-Fondateur de Redman, 1er promoteur Français certifié B Corp
Jean-Paul Viguier, Architecte urbaniste (Jean-Paul Viguier et Associés)
Anthony Béchu, Architecte dirigeant de l’agence Bechu & Associés, et membre de l’Académie des Technologies
Michel Tolila, Fondateur et CEO de Foncière Numérique
Robin Rivaton, Directeur Général de Real Estech Europe
Vincent Bryant, Président cofondateur Deepki
Jade Francine et Benoît Dupont, cofondateurs WeMaintain
Rodolphe Durand, Professeur à HEC Paris, titulaire de la chaire Joly Family in Purposeful Leadership, fondateur et directeur académique du centre Society & Organizations (S&O)
Camille Fumard, Head of Leadership Strategies chez JIN
Pour l’Alliance ESG Proptech*
* L’Alliance ESG Proptech vise à réunir en un collectif l’ensemble des acteurs innovants de l’immobilier et de la construction ayant choisi de contribuer à la réduction de l’intensité carbone, d’agir pour l’économie circulaire, les énergies renouvelables, la construction modulaire et les matériaux bas carbone.