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Tribune L’Expansion

Pourquoi les réseaux féminins s’ouvrent aux hommes

Réseau de plus de 700 cadres et dirigeantes, PWN Paris accueille depuis six mois les hommes qui agissent en faveur d’un meilleur équilibre femmes-hommes. Premier bilan.

Mercredi 5 février. Cadres et dirigeants, des femmes surtout, s’installent dans une salle de chez Bird & Bird, cabinet d’avocats parisien. Le réseau PWN Paris (Professional women’s network) a réuni son club de partenaires d’entreprises et d’organisations engagées à ses côtés pour promouvoir la mixité. Objectif : proposer des solutions concrètes pour que ça bouge. Ce matin, les échanges tournent autour du « plancher collant ». Une question se pose : pourquoi la carrière des femmes décolle toujours moins bien que celle des hommes alors que nombre d’études montrent qu’une gouvernance mixte démultiplie la performance des entreprises ?

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Parmi les participants, Bernard Michel, président de Viparis Holding, gestionnaire de sites de congrès et d’exposition franciliens. « En tant que président du conseil d’administration de Gecina jusqu’en 2018, j’ai remplacé tous les administrateurs partant par des femmes jusqu’à obtenir l’équilibre, témoigne-t-il. En parallèle, j’ai créé un budget spécifique sur trois ans afin d’atteindre l’égalité salariale entre femmes et hommes. A présent, mon action au sein du réseau vise à inciter les hommes à s’impliquer et à montrer comment les dirigeants peuvent réduire les disparités. » Autre action concrète proposée par le dirigeant : offrir du mentorat aux femmes afin de préparer leur intégration dans les conseils d’administration des entreprises.

 

Recruter 15% d’hommes d’ici à la fin de l’année

Depuis plus de six mois, PWN Paris a décidé de s’ouvrir aux hommes afin de favoriser la mixité en entreprise. Il suit en cela le mouvement engagé par quelques réseaux de femmes en entreprises, tel MixCity chez BNP Paribas. « Lors de la création de PWN, il y a vingt-trois ans, il n’y avait même pas de sensibilisation à ces questions de mixité, se souvient Cécile Bernheim, membre du conseil stratégique et en charge du programme Mixité. Les femmes étaient isolées dans des entreprises très faiblement féminisées, surtout dans les directions. Il était essentiel qu’elles se retrouvent entre elles pour accroître leurs compétences, renforcer leur confiance et échanger en développant des approches de networking qui n’étaient pas naturelles pour elles, contrairement aux hommes. »

Depuis, la situation a beaucoup évolué. De nouvelles lois ont été votées et des entreprises lancent plus spontanément des politiques internes pour réduire les disparités. « Aujourd’hui, nous avons franchi un cap, reprend Cécile Bernheim. Certes, il faut continuer à aider les femmes à se développer, à renforcer leur confiance et à comprendre les codes masculins de l’entreprise, mais ce n’est plus suffisant. Les sociétés sont majoritairement dirigées par des hommes. Il faut donc que ceux-ci soient conscients de la situation et actifs dans la démarche de changement. Cela fait plusieurs années que nous y pensons. Aujourd’hui, le réseau est prêt. La société également. » PWN Paris a réuni en octobre une cinquantaine d’hommes ambassadeurs, cadres dirigeants du privé et du public, pour réfléchir aux actions à mener. Une quinzaine d’entre eux ont déjà rejoint le réseau en tant que membre. « L’ambition est d’atteindre 15 % d’hommes d’ici à la fin de 2020 », s’enthousiasme Cécile Bernheim.

 

Une véritable évangélisation

Présent ce jour-là, Olivier Mousson, président de la Société d’encouragement pour l’industrie nationale, s’engage pour la reconnaissance des femmes dans la vie économique. « Nous sommes actuellement environ 10 % d’hommes dans ce club. J’y organise des événements pour partager les expériences en faveur de la mixité. Je milite aussi pour que des femmes soient systématiquement présentes dans les directions ou lors des prises de parole publiques. » En conséquence, PWN Paris est en train d’adapter son programme et de créer de nouvelles activités afin de profiter de la mobilisation de ce collectif mixte.

« Avec cette ouverture, les femmes vont pouvoir élargir leur réseau dans un environnement bienveillant et enrichir leur expérience d’échanges auprès d’hommes engagés, poursuit Cécile Bernheim. Quant aux hommes, c’est le moyen pour eux de s’enrichir grâce aux interactions avec les femmes mais aussi de faire évoluer leur approche du management et de leur propre carrière. » Eric Toulemonde, fondateur d’Ekapartners, un des trois membres masculins du conseil stratégique de PWN (sur une dizaine), promet une sensibilisation bien au-delà des membres. « C’est une véritable évangélisation en faveur de la parité et de la mixité que nous entreprenons. Le but est de faire rayonner le réseau et son action, de le développer, de lancer idées et événements et bien sûr, de repérer de nouveaux ambassadeurs sensibles à la cause. »